Groupe épiscopal
Office de Tourisme de Fréjus
Site et monument historique - Site et monument historique classé

Groupe épiscopal

Le groupe épiscopal de Fréjus constitue un ensemble de quatre monuments d’exception.
La cathédrale marque l’entrée de l’évêché dans la région dès l’an 374 et depuis il n’a cessé de se transformer au fil du temps.

Description

LA CATHÉDRALE SAINT-LÉONCE

La cathédrale, dominant le paysage de la vielle ville, est un des nombreux monuments de Fréjus classés aux Monuments Historiques depuis 1862.

La première cathédrale placée sous le vocable de la Vierge et de Saint-Léonce (évêque de Fréjus 400 ? – 433), dont on peut voir la trace dans la grande nef médiévale a peut-être été construite sur un ancien temple ou sous la basilique romaine dès le Vème siècle après J.C.

Au cours du haut moyen âge, dès le XIème siècle, une autre église fût ajoutée au nord, contre la précédente. Cette seconde église était parallèle et contiguë à la première mais aussi plus petite. Allongée au XIIème siècle, elle devient ensuite l’église paroissiale, aujourd’hui nef Saint-Etienne.

À cette époque le cimetière paroissial jouxtait le nord de cette église : ce fut un des premiers exemples de cimetière en ville de la Gaule du sud.

On peut parler « d’église double », assez habituel pour de tels monuments dans toute la chrétienté.

Le commencement du XIIIème siècle vit un enrichissement monumental important. La nef Notre-Dame fut entièrement reconstruite. À l’ouest furent élevées les piles, appelées à supporter la tour-clocher située dans l’axe de la nef. À l’est l’emprise de la nef fut prolongée d’une abside, en cul-de-four, surmontée d’une tour ouverte à la gorge, semblable à celle de l’enceinte urbaine, affirmant pour l’édifice un aspect fortifié, et lui donnant ainsi un caractère rare dans toute l’architecture méditerranéenne. Cet aspect un peu militaire de l’ensemble représente l’expression du pouvoir militaire et temporel exercé par le clergé.

La tour du clocher, restaurée après la seconde guerre mondiale, date en réalité du XIIIème siècle pour sa partie basse et du XVIème siècle pour le tambour octogonal et la flèche en « malons » vernissés de Provence. Les couleurs vertes et ocres des malons au contact de la lumière donne au clocher de somptueux reflets dorés.

L’aménagement en 1530 de la nouvelle entrée de la cathédrale, qui abrite de très beaux vantaux à caissons en bois sculptés, entraina la suppression de l’ancienne entrée qui donnait sur le cloître.

Elle a laissé place à l’aménagement des sépultures de 2 évêques, Mgr Barthélemy et Pierre de Camelin, aménagement qui présente deux statues commandées à un atelier génois. Dans la nef Saint-Etienne se trouve le maître autel baroque attribué à Dominique Fossati, marbrier marseillais du XVIIIème siècle.

A l’intérieur un type de voutement sur croisées d’ogives dit « Lombard » venu tout droit de Lombardie ( Italie) recouvre la nef. De plus, les stalles en boiserie de noyer, dans l’abside, datent de 1441. Elles sont attribuées au sculpteur toulonnais Jean Flamenc.

Le buffet d’orgues actuel a été réalisé en 1991, réalisé par Pascal Quoirin à Saint-Didier dans le Vaucluse, il s’inspire des orgues italiens des XVIIème et XVIIIème siècles.

La sacristie qui existait déjà là au XIIème siècle, est recouverte de boiseries de noyer de style Louis XV (XVIIIème siècle). Le linteau en ardoise qui surmonte la porte est sculpté aux armes du prévôt Georges Fenilis.

Enfin, le retable de Sainte Marguerite est une peinture religieuse de la fin du Moyen âge, ayant pour support un assemblage de panneaux de bois. Peint à la détrempe, la technique picturale consiste à broyer les couleurs à l’eau puis à les délayer (ou détremper) avec de la colle de peau tiède ou de la gomme.

De style gothique international, le retable de Sainte Marguerite (1454) est l’œuvre de Jacques Durandi (vers 1410 – 1469), précurseur de Louis Brea, Maître de l’école primitive niçoise. Le retable de Fréjus, portant le nom du commanditaire (Antoine Boneti, bénéficier) et du peintre, est la seule œuvre que l’on peut reconnaître avec certitude à Jacques Durandi.



LE BAPTISTERE

Baptistère : baptisterium en latin – « bassin pour les bains froid »

Le Baptistère Paléochrétien de Fréjus – (Classé Monument Historique en 1908) a été construit à la fin du IVème ou au début du Vème siècle. L’état de conservation de ce baptistère est remarquable. Jusqu’au niveau des fenêtres hautes, la structure est d’origine. Les murs sont en grès lie-de-vin et en grès vert du Massif de l’Esterel, ainsi qu’en briques, essentiellement décoratives.

Dès l’an 374 lors du Concile de Valence un évêque est nommé pour Fréjus, ce qui prouve qu’une communauté religieuse importante était installé ici, faisant ainsi de Fréjus le plus ancien évêché du Var et le deuxième après Lyon en France.

Le baptême est un rite de passage, ce qui explique que le baptistère soit presque toujours un monument distinct. Souvent octogonal, comme celui de Fréjus ou du baptistère de Latran à Rome, première construction expressément dédiée à cette fonction. Il figure les sept jours de la semaine (et de la création du monde) plus le jour de la résurrection et de la vie éternelle, (arithmologie mystique de la résurrection dont le baptême est le symbole anticipé).

Les catholiques ne baptisaient pas encore les nouveau-nés au IVème siècle. En effet à cette époque seuls les adultes recevaient le sacrement du baptême, afin d’effacer tous leurs péchés, au moment de Pâques. Ne pouvant alors être pardonné qu’une seule fois, les croyants patientaient longuement avant de se faire baptiser, comme ce fut le cas pour l’Empereur Constantin, (qui accorde la liberté de culte par l’Édit de Milan en 313).

C’est au moyen âge que le baptême des nourrissons est devenu une coutume.

La cérémonie, reprend le rituel que l’on connaît aujourd’hui, l’immersion, geste symbolique représentant l’absolution des pêchés et la naissance d’un nouvel enfant de Dieu.

Le baptistère est orné de colonnes de granite qui proviendraient de réemplois antiques. Cinq de ces colonnes viennent du Massif du Gigri Dag, à proximité de la ville turque d’Ezine, (granite de Troade). Il s’agit d’un granite particulier avec de très belles taches sombres, riche en mica noir. Chaque colonne supporte un chapiteau en marbre de Carrare ou bien d’Asie Mineure, (Proconnèse, actuelle Île de Marmara), provenant pour six d’entre eux de réemplois romains du IIIème et IVème siècle, deux seulement ayant été sculptés au Vème siècle.

La large entrée principale du baptistère date du XVIème siècle, certainement lors de la construction du nouveau porche d’entrée du Groupe Épiscopal en 1530. L’état actuel, porte et grille, datent du XVIIIème siècle, on les doit à l’évêque de Fleury, évêque de Fréjus de 1698 à 1715.

Sa coupole a été restaurée (1922 – 1931), par Jules-Camille Formigé, architecte en chef des Monuments Historique, chargé de la Provence à partir de 1920.



LE CLOÎTRE DE FRÉJUS

Les chanoines entouraient et assistait l’évêque. Avec à leur tête un prévôt, ils forment le Chapitre. La première mention d’un Chapitre à Fréjus date de 1038. Jusqu’au début du XIIème siècle, le Chapitre de Fréjus, composé de 12 chanoines et dirigé par un prévôt reste sous la tutelle étroite de l’évêque dont il partage à la fois les revenus et le logement. Après des désaccords, un arbitrage sépare les biens des deux partenaires. C’est à la suite de cela que les chanoines choisissent de s’installer au nord de la cathédrale et c’est à cette époque que sont aménagées les galeries du Cloître. Il servait de parvis à la Cathédrale. Dans le mur oriental de la galerie on remarque la trace de la porte médiévale de la Cathédrale ; elle est aujourd’hui murée ainsi que l’oculus qui la surmonte.

Au rez-de-chaussée des colonnettes doubles de marbre reçoivent la retombée des arcs brisés. Colonnettes en marbre de Carrare, taillées dans l’ancien podium de l’Amphithéâtre, ou colonnes en marbre de Gênes, ville qui entretenait des rapports commerciaux intenses avec Fréjus. Ces chapiteaux présentent une version simplifiée du classique chapiteau corinthien. Au sud une salle capitulaire établie au-dessus du vestibule de la Cathédrale accueillait les chanoines lors de leurs délibérations.

Une voûte en pierre était prévue pour couvrir les galeries. Quelques traces d’ancrages sont encore visibles. Certainement trop lourde, elle fût remplacée au milieu du XIVème siècle (1350) par une charpente de mélèze, apprécié pour sa plasticité et réputé imputrescible, de la forêt de Boscodon dans les Hautes-Alpes. Chacun des caissons de cette charpente a reçu un décor peint. La présence de la fleur de Lys, sur un des caissons, ne peut être antérieure à 1246, date à laquelle Charles 1er d’Anjou, frère de Saint-Louis, devient Comte de Provence.1200 caissons peints dans les 4 galeries du Cloître, ont été réalisé. Actuellement 400 sont encore visibles. Les thèmes en sont variés : des êtres hybrides, des monstres, des Saints, des bustes, des scènes de la vie quotidienne, des ecclésiastiques…Cet ensemble est un exemple exceptionnel de décor peint du XIVème siècle, unique dans un Cloître en France.

La maison du Prévôt se trouvait à l’est du Cloître, au 1er étage. Cette façade occidentale nous montre un mur en appareil à bossage analogue à celui du clocher et du chevet de la Cathédrale. Au centre, une porte en arc brisé est abritée par un assommoir, sorte d’ouverture en hauteur qui permettait de jeter des pierres sur l’ennemi qui approchait.

L’étage, très mutilé, a beaucoup souffert pendant la révolution française. Vendu comme bien national, le Cloître est alors totalement parasité par de nouvelles constructions puis sera classé aux Monuments Historiques en 1875. C’est alors que le Cloître et le vieux puit, qui donne sur une ancienne citerne romaine, seront restaurés par Jules-Camille Formigé, architecte en chef des Monuments Historiques, entre 1922 et 1931, ainsi que le double escalier allant à l’étage.

La restitution de la toiture des galeries est, ouest et sud s’est progressivement imposée comme indispensable pour redonner au monument son volume, mais plus encore pour garantir la conservation du décor peint de son plafond en bois. Ces travaux ont été réalisés en 2008 selon les projets dressés par l’architecte Francesco Flavigny.



LE PALAIS ÉPISCOPAL

La première demeure de l’évêque fut aménagée au sud de la Cathédrale dès le Vème siècle. Cette demeure épiscopale a subi des remaniements au XIème et XIIème siècle, qu’imposait l’installation d’un chapitre de 12 chanoines auprès de l’évêque. L’évêque resta seul après la séparation avec les chanoines et sa résidence deviendra un véritable château fort.

Jacques Duèze (évêque de 1300 à 1329), futur Pape Jean XXII, transformera le château en palais. De cette époque date la construction de la chapelle épiscopale dédiée à Saint-André (première mention en 1303). Elle a été restaurée en 1856 pendant l’épiscopat de Msg Jordany (évêque de 1855 à 1876) qui laissera son blason sur le sol mosaïqué. La voûte simule un ciel semé d’étoiles d’or et fait penser au plafond de la Sainte Chapelle à Paris. Elle est classée aux Monuments Historiques en 1908.

Le palais sera délaissé par L’évêque de Fleury (évêque de 1699 à 1715), célèbre pour avoir été aussi précepteur puis ministre de Louis XV.

Du fond d’archives de cette époque qui est très sinistré, nous est parvenu un inventaire mobilier à la mort de Msg de Castellane (évêque de 1715 à 1739), qui date de 1738 – 1740, qui nous donne un descriptif des lieux très précis.

Nous y trouvions au rez-de-chaussée : fonction de services, remise à carrosses, entrepôt alimentaire, boulangerie, chambres de domestiques, buanderie, prison (l’évêque possède son tribunal), écuries et réserves.

Le 1er étage quant à lui, desservait les pièces de services, cuisine et offices, la chambre du pain, la salle à manger des domestiques, puis sur le devant : les pièces de réception et salle à manger, salon et chambres pour les hôtes de l’évêque, pour sa cour et pour son secrétaire, latrine, accès de l’évêque à la cathédrale (encore visible dans la dernière travée).

En accédant au 2ème étage, les pièces privées de l’évêque étaient installées à l’angle sud-ouest ainsi que les chambres pour ses proches. La chapelle est toujours visible aujourd’hui, dans l’aile sud, ainsi qu’une tour au-dessus.

Vendu comme bien national à la révolution, la Ville de Fréjus l’a acheté et le restitue après la restauration (1823) à l’église. L’évêque de Richery (évêque de 1823 à 1829), opte pour une rénovation radicale. Tout est détruit à l’exception des bâtiments à l’est. Il ne reste donc plus qu’un tiers du palais d’origine. C’est l’architecte du département du Var, Lantoin, qui réalise les plans du nouveau palais épiscopal. Après la séparation de l’église et de l’État en 1905, la Ville de Fréjus demande à récupérer son bien, ce qui est fait et le palais devient officiellement la mairie de Fréjus en 1912.

L’évêché de Fréjus – Toulon est depuis 1958 installé à Toulon.

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